La mémoire, les archives, reviennent sans cesse dans le propos du chorégraphe et danseur libanais qui ausculte les mouvements du corps captif. Que provoque en nous la privation brutale de liberté et de mouvement ? Quels mécanismes de défense et de résistance mettons-nous en œuvre ? Tous ces questionnements habitent la pièce Pina, My Love, infusée par sa relation au spirituel et sa pratique des rituels. Sur scène, Bassam Abou Diab explore ce que le corps mis à l’épreuve de l’isolement accomplit pour survivre, pour préserver ses mouvements vitaux – la respiration, les battements du cœur. S’il intègre le folklore et la danse orientale, c’est toujours dans une version épurée, comme pour mieux exprimer sa pensée et dire l’inexprimable. Pour créer un lien entre la réalité, visible et celle qui reste cachée : les geôles, la torture et les violences carcérales. Toute la force des performances de Bassam Abou Diab et du musicien Ali Hout tient dans leur croyance profonde en l’art comme seul moyen d’aider l’homme à surmonter ses souffrances morales et physiques. Pina, My Love comme Under the Flesh agissent comme une catharsis, un acte de résistance face à l’impuissance : « danser et rêver pour survivre à la douleur ».
Les représentations à Marseille reçoivent le soutien de l’Institut français du Liban.